Je ne fais que errer dans des souvenirs incertains et lointains

Dieu, l'Univers et Moi.

Avant j’étais amoureuse du prophète. C’était mon superman à moi. A vrai dire j’avais développé quelques petits fantasmes à son propos. Je vivais ses exodes comme des péripéties. Je lui parlais avant de dormir. Je lui demandais d’avoir au moins neuf sur dix en dictée. J’ai même passé un pacte avec Dieu. Je lui avais dit que j’arrêterai de regarder la grandeur du ciel parce que j’avais peur de le déranger. Je lui avais dit que j’arrêterai de regarder la grandeur de son oeuvre si toute ma famille et même mon chien se retrouvaient avec moi au paradis après la mort.
Voilà pourquoi pendant deux ans, j’ai arrêté de lever les yeux au ciel.
Parfois, je me réveillais en pleine nuit, terrifiée par des cauchemars peu communs. Je récitais la fetha avant de me rendormir. Ca me rassurait.
En grandissant, j’ai remplacé le prophète par Emile Zola et Diderot. Assez étrange comme concept. Mais eux au moins, savaient parler de choses que je pouvais sentir et percevoir.
Et puis, Dieu m’a déçue parce qu’il ne tenait pas ses promesses. Parce que ma famille devenait de plus en plus triste. Parce que j’ai du commencer à jouer un rôle. Parce que le froid des lames de couteau ne me faisait plus peur. Parce que mes cicatrices ne partaient pas avec le temps.
Avoir les pieds sur terre était trop dur alors j’ai levé les yeux au ciel. C’est bizarre de zapper le ciel de sa vie pendant quelque temps. Ca parait impossible à faire quand on y pense, pourtant je l’ai fait.


Et maintenant, la tête en plein dans le ciel, je pense. Tout le temps. En non stop. Je pense comme si ma vie en dépendait. Je me parle trop. Je me trouve trop bavarde. Avant de dormir je pense à la vie, l’univers et le reste.
Dans un futur lointain, des familles, plus ou moins d’humains, viendront contempler la vie des êtres primitifs que nous étions. Je me dis que croire que le vingt et unième siècle est moderne, c’est bien une faute de langage. Le mot moderne ne devrait pas encore existait. Le mot moderne n’aurait jamais du exister. Je suis persuadée qu’un jour la terre finira par imploser ou que l’homme finira par s’entretuer au nom du grand Dieu et qu’à des milliers d’années lumières d’ici, on s’en tapera totalement.


De toute façon, à des milliers d’années lumières d’ici, on ne sait pas qui est Dieu. Et si on le sait, alors ça voudrait dire qu’il nous a laissé tomber. Qu’il n’aime pas sa création de sept jours. Qu’il a réussi à créer des hommes fait d’acier pour oublier le fiasco de la fragilité de l’argile.